Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/127

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et songeant à leur propre sûreté, ils excitèrent contre nous par toutes sortes de cris, des chiens d’une grandeur terrible, qu’ils nourrissoient exprès pour leur défense, et qui étoient plus furieux et plus cruels que quelques loups et quelques ours que ce pût être. Ces dogues, outre leur férocité naturelle, étant animés par la voix et les clameurs de leurs maîtres, accourent sur nous de tous côtés, se jettent sur les hommes et sur les chevaux indifféremment ; et après s’être acharnés long-temps sur les uns et sur les autres, ils en renversèrent plusieurs par terre. Certainement c’étoit un spectacle bien surprenant, mais encore plus pitoyable de voir ce grand nombre de chiens en fureur, les uns se jetter sur ceux qui s’enfuyoient, les autres s’acharner contre ceux qui tenoient pied ferme, d’autres passer par-dessus le corps de ceux qui étoient par terre, et courir à travers de notre troupe, mordant tout ce qu’ils rencontroient.

A ce grand péril qui nous pressoit, il s’en joignoit un autre encore plus terrible ; car ces paysans, du haut des toits de leurs maisons, et d’une petite colline qui étoit proche du village, firent voler sur nous une grêle de pierres, de manière que nous ne savions duquel des deux nous devions plutôt songer à nous garantir, ou des chiens qui nous attaquoient de près, ou des pierres, dont nous étions assaillis de loin. Il y en eut une qui blessa à la tête une femme que je portois. La douleur de ce coup lui fit faire aussi-