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Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/147

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n’étoit autre chose qu’une troupe d’eunuques qui firent tout d’un coup éclater une joie extraordinaire, en élevant leurs voix cassées, rauques et efféminées, s’imaginant, sans doute, que c’étoit quelque esclave propre à leur rendre de bons services. Mais d’abord qu’ils virent la supposition, non d’une biche à la place d’une fille (14), mais d’un âne au lieu d’un homme, ils se renfrognèrent le visage et firent cent railleries à leur maître (15), ensuite ils m’attachèrent au ratelier.


Il y avoit parmi eux un jeune homme robuste (16) et bien taillé, qui jouoit parfaitement du hautbois, qu’ils avoient acheté au lieu, où l’on expose les esclaves en vente, de l’argent qu’ils avoient amassé de côté et d’autre ; ils le faisoient marcher jouant de son instrument, et ils s’en servoient dans la maison pour d’autres usages. D’abord qu’il m’eut apperçu, il m’apporta abondamment de quoi manger : Enfin, disoit-il avec un transport de joie, te voilà venu pour me seconder dans mes pénibles travaux ; puisses-tu vivre long-temps ! plaire à tes maîtres, et me donner le moyen de réparer mes forces. L’entendant parler de la sorte, je rêvois en moi-même aux nouvelles fatigues, où j’allois être exposé.