Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/213

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même-temps la récompense qu’il lui avoit promise, et il se voit tout d’un coup des pièces d’or dans la main, lui qui n’en avoit jamais seulement touché de cuivre.

Quand la nuit fut venue, il conduisit ce brave champion seul, et bien enveloppé d’un manteau, jusques dans la chambre de sa maîtresse. A peine ces deux nouveaux amans avoient-ils sacrifié à l’Amour, et s’abandonnoient-ils à l’excès de leur amour, que le mari ayant choisi le temps de la nuit, arrive tout d’un coup, dans le moment que personne ne l’attendoit. Il frappe, il appelle, il touche contre la porte avec une pierre, et le retardement qu’on met à la lui ouvrir, augmentant ses soupçons de plus en plus, il menace Myrmex de le châtier d’une cruelle manière. Tout ce que put faire ce valet, qu’un malheur si imprévu avoit tellement épouvanté, qu’il ne savoit quel parti prendre, fut de s’excuser sur l’obscurité de la nuit, qui l’empêchoit de trouver la clef de la porte, qu’il avoit cachée avec beaucoup de soin. Pendant ce temps-là, Philésitêre qui avoit entendu tout ce bruit, se r’habille promptement, et sort de la chambre d’Arèté, mais avec tant de trouble et de précipitation, qu’il oublia de mettre ses souliers.

Alors Myrmex met la clef dans la serrure, et ouvre la porte à son maître qui juroit et tempêtoit de toute sa force. Pendant qu’il monte avec précipitation