Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/221

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Le meunier qui paroissoit fort affligé, lui répond, en poussant de tristes soupirs : Ne pouvant, dit-il, supporter le crime et l’infamie de sa malheureuse femme, je m’en suis revenu au plus vîte. O Dieux ! continua-t-il, de quelle sagesse et de quelle retenue nous avons vu cette femme qui vient cependant de se perdre d’honneur et de réputation. Je jure par Cérès (19) que j’ai encore peine à croire ce que je viens de voir de mes propres yeux. L’effrontée meunière, sur ce qu’elle entendoit dire à son mari, curieuse d’en savoir toute l’histoire, le conjure de lui raconter tout ce qui s’étoit passé, et ne cessa point de l’en prier jusqu’à ce qu’il eût pris la parole, pour lui faire part des malheurs de son voisin, pendant qu’il ignoroit ceux de sa propre maison. La femme du foulon, mon ancien ami, dit-il, et mon camarade, qui avoit toujours parue honnête femme, qui pouvoit se glorifier d’avoir une très-bonne réputation, et qui gouvernoit sagement la maison de son mari, est devenue amoureuse d’un certain homme, et comme ils se voyoient fort souvent en cachette, il est arrivé que, dans le temps juste que nous venions des bains, le foulon et moi, pour souper, nous les avons surpris en flagrant délit.

Notre arrivée l’ayant extrêmement surprise et