Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on présenta devant les juges ; ensuite il déclara aux avocats des parties, suivant qu’il se pratique dans l’aréopage à Athènes, qu’ils eussent à ne point faire d’exorde à leurs discours, et qu’ils expliquassent le fait simplement, sans chercher à exciter la compassion.

Voilà de quelle manière j’ai appris que tout cela se passa, par ce que j’en ai entendu dire aux uns et aux autres, mais, pour le plaidoyer de l’avocat de l’accusateur, et les raisons dont l’accusé se servit pour se défendre, aussi-bien que leurs interrogatoires et leurs réponses, comme je n’y étois pas, et que je ne sortis point de mon écurie, je n’en ai pu rien savoir, et ne puis vous raconter des choses que j’ignore ; mais je vais écrire ce que je sais.

D’abord que les avocats eurent fini leurs contestations, l’avis des sénateurs fut que les crimes dont on chargeoit le jeune homme, devoient être prouvés plus clairement, et qu’on ne devoit pas prononcer dans une affaire de si grande importance sur de simples soupçons, et sur-tout ils ordonnèrent que l’esclave qui savoit, à ce qu’on disoit, comme la chose s’étoit passée, fût amené devant eux pour être entendu. Ce scélérat, sans être troublé en aucune façon, ni par l’incertitude de l’évènement d’un jugement de cette importance, ni par la vue de tant de sénateurs assemblés, ni même, par les reproches