Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/335

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avoit pris à son mari, afin qu’en le montrant à la jeune fille, elle ajoutât foi à ce qu’il lui diroit. En effet, elle obéit aussi-tôt aux ordres de son frère, d’autant plus qu’on lui faisoit voir son cachet, et, suivant ce qu’il lui mandoit, elle se mit en chemin toute seule pour l’aller trouver.

D’abord qu’elle fut arrivée, et que séduite par ces maudits artifices, elle se fut livrée elle-même dans le piège qu’on lui tendoit, cette détestable femme, transportée d’une jalousie effroyable, la fit dépouiller toute nue, et la fit fouetter jusqu’à ce qu’elle fût prête d’expirer. Cette pauvre malheureuse avoit beau crier, qu’elle ne méritoit point un traitement si barbare, que sa conduite avoit toujours été irréprochable, comme c’étoit la vérité : c’étoit en vain, pour prouver son innocence qu’elle déclaroit et qu’elle répétoit, que le jeune homme étoit son frère. Sa belle-sœur eut l’inhumanité de lui mettre un tison ardent entre les cuisses, et la fit ainsi mourir cruellement, comme si tout ce qu’elle lui entendoit dire pour sa justification eût été faux, et imaginé sur le champ. Le frère de cette fille, et celui qui devoit l’épouser, ayant appris sa mort, vinrent sur le lieu en diligence, et lui rendirent les derniers devoirs de la sépulture, fondans en larmes, et touchés d’une affliction extraordinaire.

Mais le jeune homme ne put supporter le déplaisir que lui causoit la mort de sa sœur, qui avoit perdu