Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 8, 1869.djvu/472

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voulu, faire disparaître de son corps ressuscité et glorifié toute marque de cicatrice, mais il savait les raisons pour lesquelles il conservait ces cicatrices dans son corps. De même qu’il les a montrées à Thomas, qui ne voulait point croire à moins d’avoir touché et d’avoir vu, ainsi il montrera un jour ces mêmes blessures à ses ennemis, non plus pour leur dire : « Parce que vous avez vu, vous avez cru, » mais pour qu’ils soient convaincus par la vérité qui leur dira : « Voici l’homme que vous avez crucifié, vous voyez les blessures que vous avez faites ; vous reconnaissez le côté que vous avez percé, c’est par vous et pour vous qu’il a été ouvert, et cependant vous n’avez pas voulu y entrer. » — S. AUG. (de la cité de Dieu, 22, 20.) Je ne sais pourquoi l’amour que nous avons pour les saints martyrs nous fait désirer de voir sur leur corps, dans le royaume des cieux, les cicatrices des blessures qu’ils ont reçues pour le nom de Jésus-Christ, et j’espère que ce désir sera satisfait. Car ces blessures, loin d’être une difformité, seront un signe de gloire, et bien qu’empreintes sur leur corps, elles feront éclater la beauté, non point du corps, mais de leur courage et de leur vertu. Et quand même les martyrs auraient eu quelques-uns de leurs membres coupés ou retranchés, ils ne ressusciteront pas sans que ces membres leur soient rendus, car il leur a été dit : « Un cheveu de votre tête ne périra pas. » (Lc 21, 18.) Si donc il est juste que dans cette vie nouvelle, on voie les marques de ces glorieuses blessures dans leur chair douée de l’immortalité, les cicatrices de ces blessures apparaîtront sur les membres qui leur seront rendus, à l’endroit même où ils ont été frappés ou coupés pour être retranchés. Tous les défauts du corps disparaîtront alors, il est vrai, mais on ne peut considérer comme des défauts ou des taches les témoignages du courage des martyrs.




S. GREG. (hom. 20.) Nôtre-