Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 8, 1869.djvu/53

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S. Chrysostome : (hom. 60.) Ce mot : « Il faut, » n’exprime pas la nécessité, mais la certitude de l’événement, et comme les Juifs prétendaient que Jésus était en opposition avec le Père, il ajoute : « Mon Père m’aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre. » — S. AUG. C’est-à-dire, parce que je meurs pour ressusciter. Remarquez la force de cette expression : « Je donne ma vie. » Que les Juifs cessent de se glorifier, ils pourront se déchaîner contre moi, mais si je ne consens à donner ma vie, à quoi peuvent aboutir les efforts de leur fureur ? Or, l’amour que le Père a pour le Fils, n’est pas comme le prix de la mort qu’il doit soutenir, mais il l’aime en contemplant dans ce Fils qu’il a engendré sa propre nature, alors qu’en vertu de ce même amour, il consent à donner sa vie pour nous.


S. Chrysostome : (hom. 60.) On peut dire encore qu’en parlant de la sorte, il s’accommode à notre faiblesse et veut nous dire : Quand il n’y aurait pas d’autre motif, ce qui me porte à vous aimer, c’est l’amour que mon Père a pour vous, amour qui est si grand, qu’il m’aime moi-même, parce qu’il me voit disposé à mourir pour vous. Il ne faut pas toutefois l’entendre dans ce sens, que le Père n’aimait pas auparavant son Fils, et que nous soyons la cause de cet amour. Le Sauveur veut encore prouver que ce n’est point malgré lui qu’il a enduré les souffrances de sa passion : a Personne, dit-il, ne me la ravit, mais je la donne de moi-même. » — S. AUG. (de la Trin., 4, 13.) Ces paroles sont la preuve que sa mort n’a été l’effet et la suite d’aucun péché personnel, mais qu’il est mort parce qu’il l’a voulu, quand il l’a voulu, et de la manière qu’il l’a voulu : « Et j’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre. » — S. Chrysostome : Combien de fois les Juifs avaient formé le projet de le mettre à mort, il