Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/32

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choses inconnues, écoutant les paysans parler, leurs bons contes et leurs histoires, comprenant tout à demi et laissant à propos d’un rien ma pensée partir en voyage.

J’étais, comme on dit, un imaginaire ; j’avais les goûts les plus singuliers, collectionnant, j’ignore dans quel dessein mal entrevu, des herbes, des insectes et des pierres bizarres. Ne rapportai-je pas un jour fort précieusement, — on faillit en mourir de rire à la maison, — certain fragment d’un vase fort peu précieux que je prenais pour une antiquité romaine. Mystère des cerveaux d’enfants ! Quel intérêt pouvais-je trouver à l’archéologie, ignorant que j’étais comme un petit sauvage ?

Mon père voulut pourtant essayer de m’apprendre un peu d’arboriculture ; mais au bout de trois mois de leçons, m’ayant chargé de prendre des greffes sur des espaliers pour en greffer des sauvageons, j’eus une distraction et j’entai, autant qu’il m’en souvient, les pousses des sauvageons sur les bons arbres. Pour le coup, il désespéra, et voyant que je ne pourrais jamais faire un paysan, sur les conseils d’un sien parent qui était abbé, il m’envoya droit au collège, moi, mes vases étrusques et madame de Pompadour.