Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/40

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mort à seize ans, trop tôt pour accomplir vos rêves ; mais dormez en paix au cimetière, cousin Mitre qui me ressembliez ! Jean-des-Figues n’aura pas été un héritier trop indigne, et les folies que vous n’avez pu faire, je les ai toutes faites pour vous. Parfois même, cousin Mitre, il me semble que je suis vous, que vous êtes moi ! Et, dans mes moments de philosophie, il m’arrive de m’attendrir autant que je le ferais pour moi-même, sur le sort de ce cousin parti avant l’âge, laissant enfermée dans sa malle, comme Pedro Garcias sous la dalle de son tombeau, son âme, sa jeune âme malade que je sentis se glisser furtive au dedans de moi, le jour où, sous les tuiles d’un grenier plein de rayons dansants et de poussière d’or, je soulevai, pâle d’émotion, le couvercle qui la retenait prisonnière.