Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/61

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impression ces simples mots me faisaient !… Entrer dans la maison de mademoiselle Reine ! Qui sait ? la rencontrer… lui parler peut-être…

— « Ah ! me disais-je en regardant cette pauvre petite pièce laide à voir, c’est avec une pièce semblable qu’on doit payer passage sur le pont qui mène au paradis. » Mais je n’osais pas ; retenu par l’absurde timidité des amoureux, il me semblait que tout le monde et maître Cabridens lui-même devinerait le motif coupable de ma visite… Par bonheur, maître Cabridens prit les devants ; il rencontra mon père, il lui dit avoir entendu parler de moi, de mes goûts, qu’il aimait les jeunes gens, qu’il voulait me connaître, causer avec moi, et voir ma pièce en même temps. Pour le coup, je n’hésitai plus et le lendemain, tondu de frais et beau comme un fifre je me présentais bravement place du Cimetière Vieux.

Drelin ! drelin !… ma main tremblait quand je tirai la chaînette ; et la sonnette, comme toujours, fit exprès de retentir avec un fracas épouvantable augmenté encore par l’écho du corridor. J’eus peur et j’allais me sauver quand mademoiselle Reine vint ouvrir :

— « Maître Cabridens, s’il vous plaît ? »

Ma demande la fait rougir, elle me montre une porte entr’ouverte, et, ce jour-là, nous n’en dîmes pas davantage.

Maître Cabridens m’attendait dans son cabinet. En rien de temps nous fûmes amis, on se lie vite