Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/62

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entre numismates ! Mademoiselle Reine nous écoutait assise auprès de la fenêtre. Moi, je regardais cet adorable intérieur du savant de province, les urnes cinéraires trouvées en creusant le nouveau canal, les lampes antiques, les armures, les oiseaux empaillés, le médailler d’acajou avec ses innombrables petits tiroirs et ses rangées d’anneaux de cuivre, la bibliothèque avec les cuirs fauves et les dorures des vieux livres, et sur la corniche une armée de statuettes en plâtre tirées on ne sait d’où et représentant des gens qui se tordaient dans tous les supplices du monde, depuis le faux Smerdis précipité vivant dans une tour remplie de cendres, jusqu’à la veille des légats avignonnais et jusqu’au petit fief héréditaire de la famille des Sanson.

— « Et que faites-vous, monsieur Jean-des-Figues ? me demandait maître Cabridens.

— Je fais des vers, répondais-je en baissant les yeux.

— Des vers ? c’est un agréable passe-temps ; moi, je joue quelquefois de la flûte. Mais il vous faudra choisir une carrière, on se doit à la société… »

Je fis hommage de la pièce à maître Cabridens ; mademoiselle Reine me remercia d’un sourire. Et quand je m’en allai, maître Cabridens m’accompagnant : — « Nous partons pour Palestine dans quelques jours, à cause des vers à soie. Venez donc nous surprendre, un de ces lundis, nous