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CONTES DE PROVENCE

silence, et l’on n’a qu’à se taire pour les obliger de parler.

Le maître, en riant, continuait déjà :

« Quelle peur, mon pauvre Bartoumiou, quelle belle peur et quelle course !… Ah ! monsieur, il fallait le voir dégringoler le raidillon, sans chapeau, le fusil en l’air, avec les cailloux qui roulaient et les clous de ses souliers qui faisaient feu dans les cailloux.

— Le diable, maître, j’ai rencontré le diable !…

— Tu as rencontré le diable, Bartoumiou ?

— Oui, là-haut, près du grand rocher, à l’endroit où il y a des genêts d’Espagne.

— Et comment est-il ?

— Épouvantable : il ressemble à un vieux chien roux !… Oui, riez, riez, soupirait Bartoumiou, mais il n’y a pas là tant de quoi rire ; et vous n’en auriez pas mené plus large que moi, si, à ma place, attendant un lapin au petit jour,