Page:Arène - Contes de Provence, 1920.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
Contes de Provence

vous aviez vu venir lentement sous le fourré cette grosse bête hérissée et maigre, avec des oreilles pointues, qui trébuchait à chaque pas, et se heurtait tout en marchant contre les rochers et les troncs d’arbre. Je mets en joue malgré ma frayeur, je mire, je tire, je manque… et voilà la bête qui, au lieu de s’enfuir, s’assied sur son train de derrière, puis, faisant tinter un grelot, se frotte et refrotte le nez comme pour me faire la nique.

— Et tu as couru, Bartoumiou ?

— Si, j’ai couru ! Un gendarme aurait couru, et vous auriez couru vous-même…

— Ce qui n’empêche pas que nous l’avons pris et mis en laisse, le diable qui t’avait tant fait peur… Allons, montre-toi, Sans-Malice. »

À cet appel, accompagné d’un coup de pied, un animal remua que j’entrevoyais vaguement aux lueurs dansantes de la flamme. C’était un renard… Pris