Page:Arène - Contes de Provence, 1920.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
Contes de Provence

promenoirs à jour et des architectures brodées les plus magnifiques du monde. À droite, à gauche, le long des berges, dans les petites grottes, — trous de rats aquatiques ou d’écrevisses, que font sous l’eau les racines et la terre éboulée, — des grenouilles de toute espèce, en nombre innombrable, dormaient. Il en remplissait d’immenses paniers qu’il destinait à mère-grand… Le conseil de guerre ne l’effrayait plus. Il ne se rappelait plus que vaguement le désastre de son haut-de-chausses. Une seule chose l’étonnait un peu : d’avoir si chaud sous la glace et dans l’eau… Puis il se sentit très heureux et comprit qu’il allait dormir comme les grenouilles.

Le petit fifre dormit longtemps. Tout à coup une voix connue l’éveilla : c’était la voix de mère-grand :

« Chut, disait-elle, il ouvre les yeux… Oh ! le méchant garçon qui vous fait des transes pareilles ! »