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Contes de Provence

Le petit fifre fut repris de peur quand il aperçut au pied de son lit les yeux embroussaillés et les longues moustaches de La Ramée.

« Le haut-de-chausses ! le conseil de guerre !… Ne me laissez pas emmener !… »

Et il s’accrochait avec désespoir au casaquin de sa grand’mère. Mais sa grand’mère le rassura : ce bon La Ramée l’avait tiré de l’eau, à moitié gelé et tremblant la fièvre, puis il avait raconté l’aventure au colonel, et le colonel attendri venait précisément d’envoyer, par un homme à cheval, une aune de boudin, pour le réveillon, avec une paire de chaussures neuves.

Le boudin chantait dans la poêle, des chausses intactes pendaient à un clou. Et voilà, telle que ma nourrice me l’a apprise, l’histoire du petit fifre rouge qui, par amitié pour sa grand’mère, péchait les grenouilles à Noël.