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Page:Arène - Contes de Provence, 1920.djvu/22

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CONTES DE PROVENCE

Bénistan avait voulu élever des poules. Le renard, en une seule nuit, égorgea poulets et poussins, le coq, les pondeuses et les couveuses.

Bénistan avait voulu planter des vignes. Un fléau précurseur du phylloxéra, et qui sait ? peut-être le phylloxéra lui-même, — car notre siècle n’a pas tout inventé, — changea ses souches en bois mort.

Si bien que, travaillant, épargnant comme une fourmi, la bonne Tardive, sur qui toutes les charges retombaient, se trouvait encore heureuse d’avoir à peu près chaque soir du pain bis dans la panetière, et sur le feu une bonne soupe fumante, qu’elle servait debout, suivant la respectueuse coutume d’autrefois, car, autrefois, jamais femme n’aurait osé s’asseoir à la table de son seigneur et maître.

Mais tout a une fin ! Depuis longtemps la jolie panetière en noyer ciré avait été vendue. Les enfants ce soir-là,