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Page:Arène - Contes de Provence, 1920.djvu/43

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CONTES DE PROVENCE

— Tu sors bien matin, Pitalugue !

— Le fait est qu’il ne passe pas un chat.

— Ce serait peut-être l’occasion d’en tailler une.

— Pas pour un million, Fra.

— Voyons : rien qu’une petite, Pitalugue.

— Et mes haricots ?

— Tes haricots attendront. »

L’infortuné Pitalugue résista d’abord, puis se laissa tenter. Fra sortit les cartes. On en tailla une, on en tailla deux, et les haricots attendirent.

Bref ! l’alouette montait des blés, et les premiers rayons coloraient en rose la muraille de pierre sèche sur laquelle les deux joueurs jouaient, assis à califourchon, lorsque Pitalugue, retournant ses poches, s’aperçut qu’il avait tout perdu.

« Cinq, francs sur parole ! dit Fra.

— Cinq francs, ça va, » répondit Pitalugue.