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Page:Arène - Contes de Provence, 1920.djvu/61

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CONTES DE PROVENCE

qui les oreilles diaboliquement dressées nous effrayèrent. Car il y avait vraiment de tout dans ce bienheureux clos Saint-Laze, de tout, même un vieux chêne crevassé où logeait un essaim d’abeilles. Le père Noé, sans les tuer ni les mettre en fuite, — ne savait-il pas parler aux bêtes ? — leur prenait à chaque printemps quelques rayons de miel, du miel sauvage, du miel d’ours dont il nous faisait des tartines. Et nous étions fiers, pensez donc, de manger ainsi du miel d’ours.


Une après-midi, comme il était en train de faire la moisson de son blé méteil, le père Noé fut pris d’un subit malaise. Il appela un voisin qui dut l’aider à regagner la maisonnette, car ses jambes ne le portaient plus. On rentra les gerbes coupées, mais il fallut laisser sur pied ce qui restait.

« Puisque je n’ai pas pu couper mon