Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
FRIQUETTES ET FRIQUETS

— Tiens donc ! à deux pas, sous le cèdre.

En effet, à deux pas de nous, si près qu’on aurait cru pouvoir le toucher de la main, le cèdre étalait largement son feuillage opaque et feutré, noir-bleu par-dessous à cause de l’ombre, et par-dessus d’un beau vert éclaboussé de lumière. Le diabolique embrouillamini des sentiers tordus en dédale augmenta toutefois considérablement la distance.

Nous fîmes halte sous le cèdre, aux aiguilles duquel, diamants piqués à une dentelle, des gouttes claires frissonnaient. Mais Hortense eut peur du tonnerre ; et, profitant d’une éclaircie, nous gagnâmes, abri plus sûr, le passage qui traverse, tapissé de deux plants de vigne vierge, la rustique maisonnette de Cuvier.

Entre temps, pareille aux moineaux qu’excite à gazouiller le bruit de l’eau du ciel crépitant sur les feuilles. Hortense me racontait son histoire. Histoire décousue, toute en détails, où se mêlaient, selon le caprice d’une cervelle un peu falote, des ragots d’atelier, de comiques imprécations contre cette grande shabraque de « première », avec le récit