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PETIT ROUGET !

douloureux d’un amour suivi d’abandon.

J’écoutais vaguement sans essayer de comprendre, pris par le charme d’une voix dont le timbre resté enfantin avait, si j’ose m’exprimer ainsi, des sonorités innocentes.

Dans le musical verbiage d’Hortense, un nom revenait à tout propos : Petit-Rouget ! et quand elle prononçait ce nom, c’était avec un redoublement d’amour, des notes caressantes et perlées.

— Et qu’est-ce que c’est que ce Petit-Rouget ?

— Mon petit garçon, s’il vous plaît ! Je l’appelle ainsi parce qu’il a les cheveux de ma nuance, plus fins et plus dorés encore.

Hortense, disant cela, était presque irritée. Elle s’apaisa néanmoins lorsque j’eus feint de m’intéresser comme il convient au Petit-Rouget, et que je me fus extasié, un peu de confiance il est vrai, sur son incomparable gentillesse.

Au bout d’un instant, nous étions, Hortense et moi, les meilleurs amis du monde, et, dans mon for intérieur, je bénissais le Petit-Rouget.