Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
FRIQUETTES ET FRIQUETS

ment était venu pour moi de prendre une décision.

Que faire ? rester, déjeuner ensemble, pousser jusqu’au bout l’aventure…

Hortense, à vue de nez, ne demandait pas mieux ; ces innocences un peu rouées ont un faible pour les barbes grises.

Un je ne sais quoi m’en détourna : l’image de Petit-Rouget peut-être. Hortense m’avait trop parlé de lui, avec trop de cœur. Il me semblait que je le connaissait tout frisé, tout petit, et que j’étais un peu son grand-père.

— Au revoir ! dis-je brusquement à Hortense ; et, tirant une piécette de ma poche :

— Tenez, mignonne, vous achèterez quelque chose au Petit-Rouget, de ma part.

Hortense était toute surprise.

— Pour mon Petit-Rouget ! Mais elle est en or et vous me la donnez… comme ça ?… Que de chose dans ce « comme ça » !

Hortense garda quelque temps le silence ; puis, une idée subite lui étant venue, elle se mit à rire, et, doucement :

— Vous êtes gentil tout de même ; j’accepte pour Petit-Rouget ! Mais à une condition,