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FRIQUETTES ET FRIQUETS

tenu en réserve dans ma poche pour la circonstance que je prévoyais, je proposai à la jeune personne, les poètes inédits ne doutent de rien, et c’était en plein mois de janvier, une promenade à la campagne.

Il faut croire que le soleil et la paradoxale odeur du printemps qui, ce jour-là, flottait dans l’air, plaidèrent pour moi, car la jeune personne répondit, malicieuse et gardant sa moue :

— Volontiers, aussitôt qu’il y aura des fleurs.

— Mais il y en a, Mademoiselle, à Clamart, par exemple, où va l’omnibus.

— Vous en jureriez ?

— Je le jure !

Et, comme l’omnibus faisait mine de partir, nous n’en dîmes pas davantage.

Au bout de deux heures d’un tête-à-tête agréablement cahoté à travers de tristes banlieues, à travers de tristes villages, nous débarquâmes à Clamart.

— C’est ici les fleurs ?

— Non ! mais c’est ici qu’on déjeune ; nous trouverons nos fleurs plus haut.