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FRIQUETTES ET FRIQUETS

servis et le garçon renvoyé hors du sanctuaire, préludait à son Requiem.

Lagremuse, chef incontesté de l’école des valses lentes, avait mis dans ce Requiem, chef-d’œuvre descriptivement symboliste, toutes les angoisses d’une âme pétrie, comme il convient à une âme qui se sait moderne, de candeur perverse et de satanisme ingénu.

Cela commençait âprement par des accords plaqués et funèbre sur lesquels bientôt se détachait une phrase légère, indécises, plutôt joyeuse, et comparable à ces nerveux éclat de rire dont parfois s’accompagnent les sanglots. Puis, la phrase prenait l’essor, dominait, chantait. Les accords douloureux : grondements d’orgues au milieu des vapeurs d’encens, lamentations de cloches dans la brume, se faisaient lointains peu à peu ; et, après une envolée dernière, suivie de silence, tandis que Lagremuse s’essuyait le front, Le Hûcheur déclara, avec l’assentiment de tous, avoir vu, distinctement vu, vers la trente-troisième ou trente-quatrième mesure, des fleurs naître parmi les tombes d’un cimetière