Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
LES CADRES DORÉS DE GANDOLIN

Des chevaux, voisins peu gênants, occupaient le rez-de-chaussée, et, comme second locataire, à l’unique étage au-dessous du grenier, un doreur, fabricant de cadres, exerçait avec trois ou quatre apprenties dont la rencontre, dans l’escalier droit, n’avait rien en soi de désagréable, son métier silencieux.

Gandolin vivait là, ermite laïque, au milieu de bouquins amis qui s’étageaient en bel ordre, depuis le plancher jusqu’au plafond, sur les quatre murs de sa chartreuse, l’œil caressé, dès le matin, par le doux éclat, presque automnal que prennent les vieilles reliures, et goûtant un plaisir infini à manier parfois, — pour en admirer la gaufrure et les fers, ou déguster obliquement le grain savoureux du papier, le trait naïf des vignettes et lettres ornées, l’élégance grasse du texte, — quelque édition introuvable.

Sans trop lire, pourtant ! Car le bibliophile est comme l’avare. L’avare ne dépense pas son or, satisfait de savoir qu’il détient là, au fond d’un coffre, en élixir et quintessence, toutes les satisfactions que peut offrir la matière ; et le