Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
FRIQUETTES ET FRIQUETS

combes et les vallées que Lucile, se dégelant, ne laissa soudain ruer sur moi de phrases bondissantes et indignées.

Je l’avais trompée, c’était fini ; d’ailleurs elle savait tout depuis longtemps. — « Mais, ma Lucile, je te jure !… — C’est cela, jurez maintenant ! — Je te jure que jamais femme… »

Une fois Lucile partie, impossible de l’arrêter.

Alors ce fut ma glace à moi qui se fondit et déborda.

Et tout en niant, ce qui était vrai, que, malgré la présence inexpliquée du bouton de bottine, aucune femme fût entrée dans mon ermitage, féroce, avec l’idée d’exaspérer Lucile, j’éprouvai un amer plaisir à m’accuser d’horribles crimes. « Oui ! je te trompais et te trompais toujours… Tu me croyais apprenti préfet, tu t’imaginais que chaque jour j’allais bêtement, après déjeuner, au ministère ?… Non ! Mon occupation, ma seule, consiste, Lucile, à te tromper… C’est uniquement dans ces travaux que mes après-midi se consument… Quelquefois néanmoins, car en été