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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Je connais de ceci un exemple touchant.

Un de mes amis avait pour moitié, si à cette époque de décadence supérieure et raffinée il est permis de faire emprunt au vocabulaire quelque peu usé de aïeux, la plus belle et la plus fidèle des femmes.

Jamais ménage mieux uni. Tout le monde, dans le cercle de ses connaissances, enviait le sort d’un mari aussi notoirement heureux.

Lui cependant, pareil aux paysans de Virgile, semblait ignorer son bonheur. Souvent même nous le surprenions en proie à d’étranges tristesses.

Un jour, je voulus l’interroger.

— Eh bien ! oui, soupira-t-il, en me serrant la main, j’ai des peines et te dirai tout. Que l’on m’accuse de folie, mais je suis jaloux de Louise.

— De ta femme ?

— Parfaitement !

Et, comme mon geste protestait :

— Écoute, ne me condamne pas sans avoir entendu. Toi-même serais jaloux à ma place… Louise, je n’ai pas besoin qu’on me l’apprenne, peut passer justement pour le modèle