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HUMILIATION

pelouses, pierrots et ramiers se livraient à de tumultueuses baignades sous les fils de cristal pleurant au long des mousses dont s’entoure la fontaine de Galathée.

Laissant de côté le lac minuscule, décoré d’une île, où les canards mandarins s’ébattent à l’ombre d’un saule pleureur, et le parterre de rosiers où, avec un parfum mourant et qui semble plus doux, s’effeuillent les dernières roses, j’arrivai, conduit par ma flânerie, jusqu’au rucher ensoleillé, que le vol léger des abeilles entourait d’un nuage d’or, et jusqu’à la nouvelle pépinière dont les espaliers, torturés avec une ingéniosité japonaise, s’arrondissent en coupes, se creusent en urnes, et s’étalent en éventail.

Un homme se tenait là, regardant, sur les rameaux noirs et tordus, de beaux fruits en train de mûrir.

Il tendit la main : c’était un pauvre.

Non pas un pauvre de profession ; tout simplement un vieux maçon usé par la peine et la maladie et si débile désormais qu’on ne voulait plus de lui sur aucun chantier. Son air d’honnêteté me toucha.