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FRIQUETTES ET FRIQUETS

dain je fus éveillé par les éclats d’une jeune voix :

— « Je l’ai gagné, il est à moi, je réclame le lot vivant… »

Au même moment, près d’un des tourniquets en question, j’aperçus une fillette assez jolie, dressée sur la pointe des pieds, toute frémissante et les mains tendues vers un ravissant cochon de lait, qui silencieux et résigné comme un esclave mis en vente, dominait l’amoncellement des porte-bouquets aveuglants de dorures et des gobelets en faux cristal.

Le marchand disait : — « Vous avez droit à choisir autre chose, et même, si vous me laissez le petit cochon, je donnerai quatre francs cinquante en échange. »

Il aurait aussi bien pu offrir vingt francs sans que mademoiselle Marine, tel était son nom, renonçât au petit cochon dont elle avait eu le caprice. D’autant plus que Fernand, un beau jeune homme qui l’accompagnait, daigna approuver en ces termes :

— « Non ! pas de quatre francs cinquante : on prend le cochon, ce sera plus rigolo. »