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FRIQUETTES ET FRIQUETS

remarqué une allée comme celle-là où un vieux Monsieur se promenait en douillette puce, regardant les bourgeons, constatant leurs progrès.

Bernique, lui aussi, regardait les bourgeons, Bernique se figurait, pour un moment, être le vieux Monsieur en douillette puce.

Et, distrait parfois par un bruit de cloche, un tintement de jet d’eau, le vol inopiné d’un ramier ou d’un merle, et, bien plus loin que le rûcher, du côté du château, par les cris désespérés des canards qu’au milieu de leur petit étang, dans leur île, des légions de rats assaillent chaque nuit, il admirait la symétrique ordonnance de tous ces poiriers ouverts en éventail, s’arrondissant en forme de coupes et de vases, sur les branches desquels, durs encore, des bourgeons verts pointaient déjà.

— « Avant deux semaines, songeait-il, les poiriers fleuriront comme l’abricotier. »

Là-dessus le cerveau de Bernique travailla. Bernique se demanda ce qu’il faisait, dans un endroit dépourvu de guérite, à garder avec