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LA SENTINELLE

le pinson a chanté, devançant et annonçant le rossignol ; et sous les taillis clairs, parmi les genêts et les ronces au travers desquels les lapins détalent avec une allégresse particulière, des tapis semés de violettes simulent de petites mares vaguement bleues.

C’est là que, voici un an, à la même saison, Marguerite venait l’attendre.

Une larme parla dans les yeux de Bernique. Car on ne sait pas ce qu’il germe de larmes qui brillent ainsi, sans tomber, dans les gros yeux candides des sentinelles !

Mais Bernique se secoua. L’air semblait vouloir fraîchir. Bernique recommença sa promenade d’un pas plus rapide.

En somme, tout cela lui avait pris du temps ; et, sur ses deux heures de faction, mentalement il calculait que trois quarts d’heure à peine restaient à faire.

— « Véritablement, se disait Bernique, le soldait ne serait pas à plaindre s’il avait toujours des factions pareilles. Un vrai plaisir que d’aller et venir, par cette nuit claire, dans cette allée bordée d’arbustes ! »

Il se rappelait, au château de La Fère, avoir