Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/118

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ront plus jamais aux joies vivantes de la lumière.

Un matin pourtant, sans songer, une préoccupation instinctive, plus que la volonté, me conduisant, je suis monté vers l’ermitage.

Le soleil, depuis longtemps sur l’horizon, mais invisible encore derrière les montagnes, colorait leurs cimes en rose. Arrivé devant la fontaine, je regardais ses deux mascarons cracher l’eau, tandis que des gouttes pleuraient, très claires, aux fils de ses mousses.

Tout à coup le soleil parut, inondant le plateau d’une nappe de clarté blanche ; et l’ombre du petit monument, droite et nette, vint s’allonger jusqu’à mes pieds.

Alors — la mémoire a de ces hasards, les idées de ces associations subites — songeant au distique latin du cadran, je me suis soudain rappelé, pour l’avoir lu sans doute quelque part, l’aventure de Robert Guiscard, en Sicile, et la colonne qu’il trouva, et la statue couronnée d’un cercle de bronze où était gravé : « Le 1er mai, au soleil levant, j’aurai une couronne d’or. » Mots dont un Sarrasin, prisonnier du comte Robert, sut pénétrer le sens caché. Car Robert,