l’arrachement des blocs éboulés laisse de larges taches blanches que les immortelles sauvages brodent de leur feuillage d’argent pale et de leurs rigides grappes d’or.
Au pied des rochers, ce sont de grands chardons pareils à des acanthes, des genévriers aux baies violettes, des caroubiers bossus décorant leur sombre verdure de gousses luisantes, comme vernissées, et des pins dont les branches basses, tranchées par la hache, pleurent des larmes d’ambre au soleil.
Sur tout cela, dans la pénétrante odeur des romarins et des lavandes, un grand silence à peine troublé par quelque chant d’oiseau, grêle et fin, en harmonie avec le paysage, et le bruit d’innombrables limaçons vides qui, jonchant le sentier, s’écrasent et craquent sous nos pas.
Ganteaume et Misé Jano vont devant.
Je marche côte à côte avec Norette, la main dans sa main, sans rien dire. Parfois nous retournant, éblouis de lumière, entre les troncs lisses des pins, par delà les pentes brûlées, nous voyons le bleu de la mer.
— « Qu’on s’arrête ici, et goûtons ! » commande Norette.