Pourtant, dans la pensée de Norette, notre excursion n’a rien de spécialement archéologique. Le Pas du Sarrasin s’ouvre presque en plaine, à un demi-kilomètre de la route menant à Fréjus. L’endroit, quoique sauvage et solitaire, est accessible aux chariots ; et les Bohémiens, avec leurs caravanes roulantes, se détournent volontiers pour y faire halte, lorsque au changement de saison ils rejoignent leurs quartiers d’hiver.
Or les Bohémiens sont arrivés. Ils attendent Norette avertie et qui doit leur confier une mission des plus graves. Comme ils se rendent à Notre-Dame-de-la-Mer, c’est eux que Norette chargera de déposer le bouquet noué du ruban et de faire brûler le cierge sur le tombeau de sainte Sare.
— « Sainte Sare ?
— Vous ne connaissez pas sainte Sare, la fidèle servante des Trois Maries, qui, venue avec elles en Provence, après la mort du Christ, sur une barque sans voile et sans rames, mourut près de Marie Jacobé et de Marie Salomé, en l’île de Camargue, entre les deux Rhônes, pendant que Marie-Magdeleine pleurait au désert ?