Aller au contenu

Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

regard, bien qu’à chaque fois il se détournat du mien, me faisait deviner.

Sans la présence de Ganteaume, Norette m’en eût peut-être dit davantage !

Malgré l’impatience de M. Honnorat, dont l’appétit n’avait pas attendu, et la sourde révolte de Saladine, elle voulut encore me montrer, avant le dîner, un morceau de bois assez informe que je n’avais pas remarqué dans son musée des souvenirs.

— « Tenez ! la voilà, sainte Sare, la protectrice des Gazan ! Nous l’avons depuis plus de trois cents ans dans la famille. Admirez-la, au moins. Elle n’est pas belle, mais je l’aime. »

C’était une de ces antiques images dont la dorure, en s’oxydant, prend des tons d’ébène, et que l’imagination populaire transforme volontiers en vierges noires longtemps enfouies, puis un beau jour miraculeusement découvertes, dans quelque hallier qu’on défriche, par les deux bœufs de labour meuglant et agenouillés.

Seulement, sainte Sare, avec son profil oriental, très caractéristique malgré la naïveté du ciseau, avec les légères traces d’or restées