Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/190

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braconniers, et chez qui, pour un rien, en subites colères, se réveille le vieux sang des corsaires.

Ils s’étaient habitués à vivre pauvres sous leurs oliviers, parmi leurs ravins, se consolant, comme Peu-Parle, à l’idée qu’ils pouvaient se dire riches, après tout.

Cette illusion dorait leur misère, et les faisait regarder de haut les habitants des autres villages.

Chacun d’eux, vaguement, obscurément, espérait qu’un jour, en défrichant quelque aride plateau fleuri de touffes de lavande, deux ou trois coups de pioche heureux mettraient à découvert l’entrée de la caverne féerique. Lequel d’entre eux ne se souvenait pas, étant à l’affût, d’avoir entendu bêler la Chèvre et tinter sa claire clochette ?

Que la Chèvre continue, comme par le passé, à dormir sur une litière d’or au fond de sa retraite ignorée, et que les sequins, les lingots du roi de Majorque restent sous terre pour toujours, ils en sont contents, ils l’admettent sans désirer plus.

Mais je viendrais, moi étranger, à moi tout