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LA CHÈVRE D’OR

moi-même. Mais ici, où Norette est seule, où je suis seul avec Norette ; dans ce côte à côte de chaque jour ; sous ce ciel, parmi ces parfums, ce silence, cette solitude ; au milieu d’une nature indulgente, encourageante et complice, un instant, de tout cœur, j’ai cru aimer Norette.

Que les citadins me condamnent, Robinson me pardonnerait !

Tous les soirs, une fois la lampe de sa chambre éteinte, c’était le signal ! j’allais trouver au jardin Norette qui m’attendait, et nous passions là, en face du clair horizon, des heures délicieuses. Jusqu’au lointain, jusqu’à la mer, les collines se déroulaient vagues et frissonnantes. Les étoiles seules nous voyaient.

D’ordinaire, je me glissais par une petite porte communiquant avec le corridor et le passage d’âne.

Mais maintenant que le passage d’âne est occupé, la nuit presque autant que le jour, par les Piémontais de Galfar, j’ai dû trouver un autre chemin.

Le mur, entourant le jardin, ne monte pas très haut avec son couronnement à balustres ; et, dans le rocher presque à pic qui le porte,