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LA PIERRE

une fissure se présente, où poussent quelques arbustes rabougris, et tout à fait propice à l’escalade.

C’est par là que je grimpe, jouant du coude et du genou, m’accrochant aux aspérités du calcaire, aux racines nues et résistantes des chênes nains.

Tout en haut, une grosse pierre surplombe, sur laquelle je dois me hisser pour atteindre jusqu’au mur. La manœuvre n’est pas commode ; Norette m’y aide quelquefois.

Personne, d’ailleurs, ne peut nous surprendre. Saladine se couche avec les poules, et M. Honnorat fait comme elle, autant par orgueil que par hygiène, afin de pouvoir se promener dans les rues avant l’aube, étonner de ses habitudes matinales les paysans qui vont aux champs.

M’a-t-on espionné ? Je le crois. Un soir, quelqu’un sans doute l’ayant nuitamment descellée, j’ai senti la pierre branler et se dérober sous mes pieds. La pierre a roulé, à grand bruit, pendant que je réussissais à empoigner un balustre, et que Norette, penchée sur le vide, sans un cri, me tendait les bras.