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LA CHÈVRE D’OR

Ce revirement est dû sans doute au caractère chevaleresque de mon altitude à l’endroit de Galfar devant le bon gendarme.

Que dis-je ? Galfar lui-même semble me savoir gré de n’être pas mort et de lui éviter ainsi un dérangement toujours désagréable en Cour d’assises. Galfar, s’imaginant que l’appétit m’est déjà revenu, a, pas plus tard qu’hier, daigné envoyer à mon intention, par l’intermédiaire de Peu-Parle, toute sa chasse de la veille.

Et Norette ? Et la Chèvre d’Or ?

Quant à la Chèvre d’Or en qui, plus que jamais, je crois, un point me suffit, c’est que la clochette est sauvée. Je la tenais au poing, Peu-Parle me l’a dit, lorsqu’il me releva, mouillé de sang, dans les cailloux.

Mais les façons de Mlle Norette ne sont pas sans m’inquiéter un peu. Je revois, à travers certaines éclaircies de mon délire, une Norette inquiète, passionnée, penchant sur moi un front pale, des yeux attendris.

Maintenant Norette n’est plus la même. Norette s’est comme fermée. Elle paraît ne se rappeler rien. Et quelquefois je me demande si je n’aurais pas rêvé nos soirs d’amour au jardin,