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CONVALESCENCE

sous le regard complice des étoiles, comme j’ai rêvé notre visite à la grotte de la Chèvre d’Or.

Ceci me torture affreusement, et m’empêche de savourer, dans leur pénétrante douceur, les joies de la convalescence. À se sentir vivre quand on croyait mourir, l’âme éprouve les émotions d’un retour. Mais quoi ? un ciel si bleu, un si clair soleil, des fleurs, des parfums, des chants d’oiseau, et pas le sourire de Norette.

J’ai le désir enfantin de ce sourire, plus que le désir : un besoin ! je l’attendais en ouvrant les yeux, il faisait partie de ma guérison.

Norette, hélas ! ne me sourira plus. Son regard me l’a dit, regard de mépris et de pitié, hier, dans le jardin, car j’y fais parfois quelques pas, soutenu par elle, dans le jardin, près des lauriers dont l’ombre épaisse nous cachait, à côté du banc où si souvent nous nous assîmes.

J’avais voulu baiser sa main, lui parler des choses anciennes, mais ce clair regard m’arrêta.

Qu’ai-je donc fait qui puisse mériter la haine de Norette ?

Rien ! Seulement Norette est femme ; et, je ne sais pourquoi, peut-être par caprice ou