jours de marché vendre des fromageons et des plantes de montagne. Les hommes, eux, braconnent malgré les gendarmes, et la poudre ne leur coûte pas cher. »
Patron Ruf ne se doute pas qu’en disant du mal du Puget-Maure, il ne fait qu’augmenter mon désir.
— « Vous ne trouverez même plus de route. Il en existait une autrefois. L’orage l’a changée en ravine, et les gens du Puget se croient trop grands seigneurs pour faire métier de cantonniers. »
Mon obstination pourtant a fini par vaincre les résistances de patron Ruf, qui, Romain dans le sang, hait par instinct ces races bédouines, et, vieil homme de mer, considère comme une aventureuse expédition cette marche de quelques heures en montagne.
Patron Ruf s’est même rappelé fort à propos qu’il possédait là-haut un ami.
— « Un ancien capitaine caboteur, brave homme, mais à moitié fou, qui s’est mis en tête d’aller vivre au Puget-Maure avec sa fille. Ils habitent le château. Vous verrez ce château : je ne le changerais pas pour le mien. »