Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/36

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Patron Ruf, cependant, ne pardonne pas encore au Puget.

Il profite de ce que nous sommes seuls sur l’eau bleue pour recommencer sa diatribe. Mais au lieu d’attaquer de face, il y arrive par un détour.

Patron Ruf me raconte, pourquoi me raconte-t-il cela ? que le coin de golfe où nous naviguons recouvre une ville disparue, on ne sait quand, du temps de « la louve de marbre ! » Lorsque la mer, comme aujourd’hui, est très unie, on aperçoit distinctement des murs de cirque, des colonnes. — « Tout un Arles, là-bas, à dix brasses. Regardez plutôt ! » Je regarde et n’arrive guère à distinguer, avec de gros oursins roulant sur leurs piquants et des poissons aux reflets de métal, qu’un fond montueux noir d’algues flottantes.

Patron Ruf, plus heureux, découvre toute sorte de choses. Il s’exalte. Il parle de coupes d’argent, de dieux en bronze, autrefois ramenés dans le filet des pêcheurs, d’une jarre pareille à un bloc de rocher sous sa couche de coquillages, mais pleine de pièces d’or, qu’un enfant trouva, roulée dans le sable, un lendemain de