Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/37

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tempête. — « Ah ! si tout l’or caché qui dort inutile paraissait au jour ! » Et, vieux républicain en qui revit l’âme des Gracques, le voilà pétrissant le monde à sa fantaisie, un monde où chacun naîtrait riche, où les braves gens seraient heureux.

Si pourtant, quelque matin, en jetant le « gangui », il accrochait, lui aussi, un bout de trésor ? on saurait s’en servir tout comme un autre. — « Nous voyez-vous, moi en monsieur, Tardive en dame et Ganteaume avec des escarpins vernis ! »

Attention : patron Ruf se raille lui-même ; et quand un Provençal se raille, il n’est jamais long à railler quelqu’un autre.

Maintenant c’est aux gens du Puget-Maure qu’en a patron Ruf. Ils possèdent eux aussi un trésor, et c’est ce qui les rend si fiers, une chèvre en or qu’on rencontre la nuit broutant la mousse des montagnes. Jamais personne n’a pu la prendre tant elle court vite. Mais l’espoir fait vivre quoiqu’il engraisse peu ; et si les Mouresq, comme on les appelle, sont tous maigres, c’est que, depuis longtemps, pécaïre ! ils ne vivent guère que d’espoir.