Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/48

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audacieux pour essayer de la suivre ou de s’emparer d’elle.

Ainsi ma demi-hallucination s’explique de la façon la plus naturelle du monde.

La chaleur était accablante sous les pins ; et, la tête encore lourde des bavardages de patron Ruf, il n’est pas étonnant que, m’étant endormi, j’aie rêvé trésors et qu’au réveil j’aie un instant pris pour la Chèvre d’Or la première chèvre venue.

Les chèvres rousses ne sont pas rares. À Naples, je me souviens d’en avoir vu tout un troupeau au pied du tombeau de Virgile.

Si les sabots de ma chèvre luisaient avec des reflets de diamant, c’est que, sans doute, elle les avait polis à galoper dans l’herbe sèche et les pierrailles. Si ses cornes luisaient aussi, c’est qu’elle aimait fourrager, tête en avant, au milieu du feuillage dur des myrtes et des lentisques. Quant aux traces laissées par ses sabots, j’étais assez géologue pour constater, au seul examen du peu précieux caillou admiré de Ganteaume, qu’il s’agissait simplement d’un fragment de porphyre rouge où s’incrustaient des grains de mica.