Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/49

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La clavette pourtant m’intriguait. Je la montrai à l’aubergiste.

— « Ceci, me dit-il, en prenant un air grave, est une clavette de sonnaille ; mais bien qu’ayant, dans le temps, gardé les troupeaux, je n’en vis jamais de pareille. D’abord, si je ne me trompe, on la croirait en fin ivoire. Et puis remarquez ces dessins : les bergers d’aujourd’hui ne savent plus travailler ainsi. Ça m’a l’air vieux comme les chemins. L’homme qui fit la clavette doit être mort depuis longtemps, et aussi la bête qui la portait au cou. »

Je jugeai inutile de détromper l’hôtelier en lui racontant que la chèvre qui avait perdu la clavette se trouvait vivante, et bien vivante.

— « Que la clavette soit ou non ancienne, un morceau d’ivoire aura toujours pu tomber par hasard entre les mains d’un pâtre qui se serait amusé à le sculpter. »

Il n’en est pas moins vrai que si le pâtre en question, un pâtre quelconque, ou Ganteaume, en faisant la même trouvaille, avait vu, comme moi, fuir dans les braises du couchant une chèvre aux poils rutilants et fauves, si comme moi il avait remarqué, sur les pierres que ses