Six heures sonnent, un train siffle : le train de Nice avec son chargement quotidien de joueuses et de joueurs.
Par les rampes en escalier, où déjà les gaz s’allument dans le jour mourant, la foule défile.
Des hommes fiévreux, mais corrects ; des femmes plus visiblement passionnées, dissimulant moins leur impatience de se retremper au bain d’or. Et maintenant laissons briller là-haut les inutiles étoiles qu’aucun regard ne cherchera ! De vagues parfums féminins ont remplacé l’odeur des roses ; les palmiers et les flots cessent leur dialogue, semblant exprès faire silence pour qu’on entende seul le bruit des louis remués.
Avant ma retraite chez patron Tuf et sur le point de mettre à exécution mes projets de sagesse définitive, j’avais donc voulu, je l’avoue, goûter une dernière fois aux sensations violemment contrastées que Monte-Carlo procure.
Passant mes journées en plein air, rêvant de Virgile dans quelque bois de pins, ou m’endormant en compagnie de Théocrite au creux d’un rocher, sur le rivage, j’éprouvais le soir une