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III

la maison du riou est en joie

Laissons l’infortuné Balandran rêver de protêts et de saisies sur son oreiller qu’une salutaire terreur rembourre de papiers timbrés, et suivons le père Antiq s’en allant, joyeux et le dos cassé, à travers les passages sombres, les couverts et les ruelles en escalier qui constituent le quartier bas, le quartier agricole de la ville.

C’est l’heure tranquille où, tout travail fini, et quelques instants de jour clair restant encore, une fois l’âne et la chèvre rentrés, le bissac vidé, la pioche pendue, les paysans, assis au grand air devant la porte, sur les marches du petit perron, attendent la soupe que leur femme prépare et se taillent le pain avec lenteur.

Adiousias ! père Antiq… Vous rentrez bien de vespres, père Antiq ?

Et le père Antiq, tout en poussant son âne, répondait : Bonsoir, un tel… bonsoir, une telle… mais sa pensée n’en trottait pas moins.