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du grand saint antoine.

bourg, sur le théâtre des marionnettes, mon pauvre ermitage tel qu’il est ici, avec la chapelle, la cabane, la cloche suspendue à la fourche d’un arbre mort, et moi au milieu en prières, tandis que Proserpine m’offre une coupe et qu’un paquet de diablotins, balancés au bout d’une ficelle, se cognent en poursuivant Barrabas effrayé.

Bientôt même, quand vous suivrez l’école, ce qui, je l’espère, ne saurait tarder, vous pourrez, à travers les vitres de la bibliothèque paternelle, lire ces mots : « La tentation de saint Antoine, par M. Gustave Flaubert, » inscrits en lettres d’or sur le dos gaufré d’une belle reliure.

Ce M. Flaubert est habile homme, quoiqu’il n’écrive pas pour les petits enfants de votre âge, et, sur mon compte, assez exactement renseigné ; de leur côté, les artistes dont je vous parlais tout à l’heure n’ont oublié aucun des diables qui, à diverses reprises, me tentèrent ; ils en auraient même ajouté plutôt.

C’est pourquoi, mes enfants, à revenir sur des événements si connus, je craindrais vraiment d’avoir l’air de radoter…


— Oh ! saint Antoine !… Oh ! grand saint Antoine !

— Si je vous disais quelque autre chose ?

— Non ! la tentation, la tentation.