en le respirant, une rapide et tentatrice vision de quartiers de porc rôtissant à la broche et inondant d’un jus doré des brins
d’herbe, plantés en quinconce
dans la chair, qui grillent et se
recroquevillent. Ma plante, ma
modeste petite plante, c’était
la sauge chère aux cuisinières,
et sa friande odeur n’évoquait
plus désormais dans mon âme
que des images de ripaille et
de cochon rôti.
Honteux de moi-même, j’arrachai ma sauge et donnai mes truffes toutes à la fois, dans une écuelle, à Barrabas, qui s’en régala.
Mais je ne devais pas être quitte à si bon marché. La sauge arrachée, les truffes jetées, mes tentations pourtant persistèrent. Elles revinrent même plus fréquentes, plus irrésistibles, à mesure que la Noël approchait. Mettez-vous à ma place : avec un estomac robuste encore et maigrement nourri depuis des années de légumes sans sel arrosés d’eau claire, ce que je voyais passer au pied de mon roc, sur le grand chemin qui mène à la ville, était bien fait pour damner un plus saint que moi. Quelle procession, mes amis ! Les gens de l’endroit, fidèles chrétiens, préparaient leur réveillon huit jours à l’avance, et c’étaient, du