Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/123

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Marthe pour un instant redevint Azélie. Elle crut se revoir quand, fuyant la maison et grelottant de tout son corps maigre, elle descendait dans les quartiers riches pour regarder des poupées ainsi, heureuse quoique sans espoir, pendant des heures et des heures.

Elle soupira : — « Pauvre petite !… » sans bien savoir si c’était la fillette ou elle-même, l’Azélie d’autrefois, qu’elle plaignait.

Et, sûre d’ailleurs d’en avoir une autre, puisque le magasin était là, brusquement, d’un élan de cœur, elle planta sa belle poupée, vêtue de soie et de brocard, entre les bras de l’enfant en guenilles.

Muette d’abord, hésitante, celle-ci contempla longuement la merveilleuse poupée qui semblait lui tomber du ciel ; puis, comme Marthe ajoutait : — « Tu peux la garder, elle est à toi !… » regardant Marthe à son tour, et s’apercevant qu’elle avait les mêmes grands yeux étonnés et ronds, le même teint blanc, les mêmes cheveux d’or que la poupée :

— « Maman ! maman ! s’écria-t-elle, viens-t’en donc voir la belle dame qui veut me donner son portrait. »